Genesis Utopie chapitre 1

Chapitre I

Allongée sur le sol, une fois de plus. Une fois de trop. Son corps, fatigué, ne demandait même plus à se relever. Il était bien, par terre, il se reposait et s’abandonnait sur le sol froid et dur. Elle restait ainsi quelques minutes en attendant ce calme trop rare, qu’elle recherchait pourtant constamment, en vain.

Elle bougeait enfin les doigts, s’appuyait péniblement sur ses poignées, ramenait ses jambes vers son torse et se mit finalement à genoux. Elle poussa sur ses bras, aligna son dos verticalement et ouvrit les yeux.

Ses bras étaient recouverts de bleus, ses jambes lui paraissaient peser des tonnes et elle peinait à reprendre ses esprits, comme à chaque fois mais c’était intérieurement qu’elle avait le plus mal.

Elle regardait autour d’elle : les murs étaient décrépis, la maison branlante, les fenêtres laissaient passer l’air froid. Une armoire, son lit, une table, une chaise. Aucune décoration, juste une petite lampe de chevet, mais à l’ampoule grillée. Ah si ! Un rideau rouge. Ou plutôt une vieille couverture légère suspendue à une tringle pour éviter de dormir avec la lumière du soleil. Elle remplissait son office tant bien que mal, mais c’était déjà mieux que rien.

La nuit n’allait pas tarder à tomber. L’air frais commençait à poindre. Elle était désormais debout, avançant lentement vers un vieux sac qu’elle remplit de vêtements usés, d’objets de toilette et d’un livre ancien qu’elle traînait depuis qu’elle était enfant.

Sans bruit, elle devait partir, s’enfuir de cet endroit. Elle ouvrit lentement la porte, tendit l’oreille. Personne. À pas de loups, elle se glissa hors de sa chambre, et s’arrêta devant les escaliers. Les marches craquaient à certains endroits, elle le savait. Tout doucement, elle entreprit la descente en prenant soin de poser son pied sur une partie silencieuse, avant d’y porter son poids. Puis elle continua, marche après marche. Son coeur s’accélérait à chaque étape qu’elle franchissait. Patiemment, furtivement, elle parvint au rez-de-chaussé.

Elle n’en avait cependant pas terminé. Elle devait passer devant la porte de la salle principale, lieu de vie et d’activités des personnes vivants ici. Le risque était grand de se faire repérer. Elle s’approcha au maximum de l’entrebâillement puis attendit.

Tapie dans l’ombre, elle écoutait. Tout. Les voix basses des occupants, marmonnant des sons incompréhensibles, trop lointain. Le bruit de l’eau qui coule, celui d’une chaise qui crisse. Elle risqua un œil, ne vit personne.

Sur la pointe des pieds, son sac sur l’épaule, elle passa puis d’un geste vif, attrapa la poignée de la porte principale, l’attira vers elle et courut. Elle entendit derrière elle les gonds se mouvoir. Elle continua dans son élan, se baissant devant la fenêtre de la maison et enfin dévaler la longue pente sans se retourner.

Cinq-cents mètres ! C’était la distance à parcourir pour être enfin délivré. Elle haletait, soufflait… mais ne s’arrêta pas.

Elle parvint au lieu qu’elle s’était fixé, au bout de la rue. Elle s’approcha d’un panneau de bois et lut « Prochaine voiture à 20h. » Parfait. Elle n’aurait qu’une dizaine de minutes à attendre. Elle repéra un coin caché derrière un muret de pierres et s’y assis. Elle se força à respirer lentement, tranquillement et surtout… à faire le moins de bruit possible. Elle y était presque. Il fallait être patiente. Elle sentait les battements de son coeur dans sa poitrine. Pourvu qu’ils ne la trouvent pas !

Le soleil déclinait de plus en plus. Elle guettait, toujours cachée. Elle entendit finalement le craquement des roues sur la route. Elle se leva et vit… Un engin de transport en bois, long d’environ cinq mètres. Le système d’éoliennes à l’avant semblait si vieux… mais fonctionnait encore.

Rapidement, l’humaine leva la main et la machine s’arrêta à son niveau. Après les politesses d’usage, le transport repartit, lourdement.

Assise à l’avant, son sac posé à ses côtés, elle jeta un dernier coup d’oeil en arrière. Plus jamais elle ne reviendrait ici.


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